Tout le monde le sait, l’objectif d’une entreprise est d’être rentable. Personne – surtout pas nous – n’a envie d’investir dans une entreprise qui ne l’est pas. Mais le profit à n’importe quel prix ? Jamais ! Chez Perseus, nous voyons plus loin. C’est ce qui nous distingue, et nous distinguera toujours, d’un fond d’investissement.
Les financiers ont parfois (souvent?) la vue courte
Laissez-moi d’abord vous raconter mon histoire. Non, ce n’est pas une tentative grossière de faire du storytelling : ce que j’ai vécu a réellement eu une incidence sur la suite de mon aventure entrepreneuriale. Lorsque j’ai vendu ma dernière entreprise, je me suis retrouvé avec un peu d’argent sur les bras. Sans surprise, les fonds d’investissement, banquiers et autres vendeurs de produits financiers m’ont alors fait la danse du ventre. Tous m’ont proposé des placements ultra rentables. Pourtant, il manquait quelque chose. Quelque chose d’autre que “seulement” faire croître mon capital. Face à mes doutes et mes questions, je n’ai jamais rien obtenu d’autre que de belles promesses et des discours marketing léchés : « Ne soyez pas inquiet, nous délivrons de jolis taux de rentabilité ! ». Certes, mais… Concrètement, quelles actions menez-vous ? Quel est l’impact social ou environnemental des entreprises financées? « Comment ça ? ». Mes gestionnaires en cravates me regardaient sans comprendre où je voulais en venir. Si on place son argent, c’est pour avoir encore plus d’argent, non ? Et bien… pas que.
La course au profit ? No way !
Bien sûr, la rentabilité est importante : personne ne souhaite investir son argent à perte. Cependant, j’ai une certitude, partagée par ceux et celles qui constituent aujourd’hui la tribu Perseus : le bénéfice financier doit être la conséquence d'un travail bien fait, et non pas l’unique objectif d’une entreprise. Ni un fonds d’investissement, d’ailleurs. Car soyons clairs, on peut faire de l’argent avec à peu près n’importe quoi. Et surtout, n’importe comment. Quand on recherche le bénéfice à tout prix, le prix à payer est souvent très élevé. Non seulement pour l’entreprise elle-même : chercher par tous les moyens le profit facile est destructeur de valeur sur le long terme. Mais aussi, destructeur pour la planète, les travailleurs et l’humain en général. Les exemples sont innombrables, mais vous aurez compris de quoi je parle : la course au profit de certains a généré partout dans le monde pollution, destruction de la faune et de la flore, inégalités et conditions de travail sordides. Mais la plupart des limited partners (pour les moins financiers d’entre nous, il s’agit de ceux qui investissent leur argent dans le fonds) s'en accommodent. Tant que leurs placements fructifient, il n’y a pas de problème.
Pourtant, il y a bien un problème !
Il y a quelques années, un gestionnaire de patrimoine m'avait ainsi convaincu d'investir dans des fonds en actions et obligations. Financer les entreprises est un élément utile à la vie économique et essentiel au bien commun : sur le principe, j’y suis totalement favorable. Cependant, j'ai vite déchanté en prenant conscience de trois problématiques :
Les sociétés financées sont principalement des sociétés cotées en bourse. Or, elles représentent en réalité une part infime de l'ensemble du tissu économique. Mes investissements allaient donc se porter sur quelques sociétés de taille importante, dans lesquelles tout le monde investit déjà.
A minima 2, voire 3 ou 4 intermédiaires structurent, allouent, et gèrent les investissements. La seule certitude est la commission que chacun prend au passage, sans corrélation avec les résultats. L'empilage de commissions sur le dos des investisseurs et entrepreneurs, c'est pas vraiment Skin in the game.
Certains fonds investissent dans les entreprises non cotées. C'est une démarche a priori positive pour soutenir le vaste tissu des PMEs non cotées en bourse. Mais souvent, ils usent et abusent de l'endettement, en le faisant porter à la société rachetée. L'idée d'investir dans une PME pour la développer, tout en l'asphyxiant de dettes pendant 5 ans, m'a paru contre-nature et dangereux, à la fois pour l'entreprise et pour les salariés.
J’ai pensé que l’on pouvait faire bien mieux. L’histoire a d’ailleurs prouvé que c’était le cas. Par exemple, il y a quelques mois, Perseus a racheté la société EPM. Nous avons organisé un modèle équilibré de transmission-développement en nous associant avec le nouveau dirigeant, les fondateurs historiques, et en contractant une dette raisonnable. Nous avons utilisé exactement les mêmes outils que les fonds d’investissement. Pourtant, le projet, la relation que nous avons construite et notre vision n’ont rien à voir !
Le capitalisme peut aussi changer le monde en bien
Je pense que le capitalisme est le moins mauvais des systèmes. C’est même le meilleur pour stimuler et récompenser la prise de risque. Des capitaux bien investis par des personnes conscientes constituent un levier de changement très puissant. Un actionnaire peut (et doit !) influer sur le destin d'une entreprise. Il peut (re)définir ses priorités, valider ou pas sa stratégie de développement. Comme tout outil puissant, il devient dangereux s’il est mal utilisé. Maintenant, imaginez un capitalisme porté par des individus aux valeurs fortes, aux yeux ouverts, pour qui le bénéfice ne doit pas se faire au détriment du reste ? Chez Perseus, c’est exactement ce que nous sommes : des capitalistes éveillés – et un peu militants sur les bords, il faut le dire ! Quand nous achetons une entreprise, nous imaginons son plan de développement économique, bien sûr. Mais nous réfléchissons aussi aux améliorations que l’on peut apporter. En matière de conditions de travail, de formation, d’inclusion, d’utilisation de matériaux recyclés, de réduction des émissions de CO2. Développer le capital humain (et pas le capital uniquement). En prenant en compte notre planète et ses limites. C’est possible ? Et bien oui. En résistant aux chants des sirènes aux taux enchanteurs, droit dans nos bottes et bien accroché au mât de nos valeurs.
Chez Perseus, on ne fait pas plus : on fait mieux
Certains trouveront cela gnangnan. Je pense pourtant que je fais preuve de réalisme. Je ne veux pas être spectateur complaisant, rêveur ou râleur. Mon expérience montre qu’à petite échelle, typiquement dans le cadre d’une entreprise, on peut utiliser le levier économique pour changer les choses. Et ce changement devient durable dès lors que l’entreprise est rentable. Le profit n’est plus le but : c’est un outil – un outil de progrès – qui alimente alors la machine. Le tout est de mettre en mouvement la roue vertueuse ! Alors non, chez Perseus on n'investit pas des millions dans les NFT. Non, on ne fait pas monter les enchères au-delà du raisonnable, au risque d'asphyxier nos sociétés. Non, on ne fixe pas d'objectifs démesurés de rentabilité. Mais en tant qu'actionnaire, nous demandons à nos General Managers des résultats sur l'égalité homme-femme. Ou sur le taux de recyclage de leurs déchets. Des KPIs que l'on rencontre rarement dans les boards ! Mais n'est-ce pas plus important que d'enrichir toujours plus des actionnaires déjà bien nantis ? Alors oui, je l’affirme haut et fort : le capital est un moyen fantastique pour financer le progrès social et environnemental. Oui, l'argent c'est une conséquence heureuse du travail bien fait. Mais il n’est jamais un but en soi. Pas chez nous, en tout cas !
Et oui, chez Perseus, nous croyons au temps et à la patience – ces valeurs oubliées par certains fonds, pris dans l’urgence de la concurrence et la course à la rentabilité. Car du temps et de la patience, il en faut pour bâtir des entreprises plus responsables et pérennes. Il en faut, pour écrire de belles histoires. Nos belles histoires, celles que nous vivons avec nos managers associés – peut-être vous, dans un futur proche ? Mais prenez votre temps pour vous décider – nous ne sommes pas pressés ;)
3 articles très intéressants. Hâte de lire la suite !
Bravo 👍🏼 Matt.